Une journée en Clio IV R.S. au circuit du Laquais
- Guillaume, B
- 3 juin 2017
- 8 min de lecture

Briefing
Posséder une puissante voiture est satisfaisant et cette Clio R.S. ne pose pas de problèmes notamment lorsqu’il s'agit de dépasser. Cependant, il est important de respecter le code la route. Utiliser tout le potentiel que peut offrir cette Clio IV R.S. devient alors impossible.
Ainsi, j'ai eu la chance de rouler avec cette voiture durant une journée entière au circuit du Laquais, en Isère. C’est le circuit avec la piste la plus longue de la région, à savoir 3100 mètres.
Sur circuit, pas de limitations de vitesse c’est uniquement du plaisir. C’est aussi l’occasion de partager ses connaissances avec d’autres pilotes amateurs et passionnés. Cela m'a permis aussi de découvrir en détail ce que donne le mode Race.
Parlons un peu du circuit
Nous sommes le 20 Février 2017, c’est une journée ensoleillée qui commence. Rendez-vous sur la piste à 8h30. Les premiers tours de circuit commencent à 9h00. Les sessions durent de 9h00 à 12h00 le matin et de 14h00 à 17h30 l’après-midi.
Etape obligatoire, un petit check-up de la voiture. D'une part, le véhicule doit-être en bon état et surtout il ne doit pas dépasser la fameuse limite de 90 dB... Deux sonomètres sont présents sur la piste et mesurent en permanence le bruit… D'autre part, l'échappement et l’admission doivent être d'origine. Sinon, c'est un retour maison.
Je vous avoue que j'ai eu quelques petits doutes sur certaines voitures mais le personnel est tolérant. Pas de passagers à l'arrière de la voiture. Enfin, drifts interdits et glissades autorisées sur piste mouillée seulement. Ils ont été assez indulgents tout de même car ne pas faire crisser les pneus est très difficile.
Le circuit peut accueillir jusqu’à 30 véhicules dont 15 sur la piste simultanément. Des sessions de 20 minutes sont organisées. Il y avait moins de 15 pilotes ce jour-là, les rentrées et sorties sur la piste étaient donc sans limites. Un régal !
Parmi les 13 présents ce jour-là, je pouvais voir 6 Mégane 3 R.S., une Class A AMG, une Fiesta ST, une Imprezia WRX STI, une 911 agée ou une 306 un peu boostée ! Je ne vous fait pas un dessin, la Clio R.S. paraît timide…

Cependant, parmi toutes les voitures s'il y en a bien une qui se démarque des autres avec son unique jaune Sirius c'est bien la Clio. Enfin, on est tous venu pour s'amuser. Il n'y a aucun enjeux, ce n’est pas de la compétition.
3… 2… 1… Partez !
Le matin au circuit
Assez parlé, passons aux choses sérieuses !
La piste est froide et pratiquement sèche. Quelques zones humides subsistent. Même s’il fera en moyenne 10 °C cette journée, le mercure affichait 6 °C en ce début de matinée. Les températures sont néanmoins idéales pour la voiture.
Le circuit est plutôt technique avec des portions et courbes plus ou moins rapides. La ligne (presque) droite fait quasiment 1 km de long et on peut atteindre plus de 200 km/h si la voiture le permet. La piste fait en moyenne entre 10 et 12 mètres de large, ce qui est plutôt confortable.

Source : www.super-trackday.com
J’enfile mon casque et j'entre donc sur la piste en mode Sport, forcément ! Les premiers tours servent uniquement de reconnaissance. Des petits cônes en plastique nous indiquent les points de corde des différents virages. Sur circuit, connaître et maîtriser les trajectoires est indispensable !
Il m'a fallu une vingtaine de tours pour bien comprendre la piste et pouvoir ainsi prendre plus de vitesse. Faire le meilleur temps au tour ne m'intéresse pas en premier lieu. Améliorer d'abord mes aptitudes à la conduite me semble plus profitable.
Premier constat, le grip n’est pas optimal du fait de la piste froide et des pneus pas assez chaud. On attendra avant de passer en mode Race.
Je peux quand même affirmer que cette Clio colle à la route. La tenue de route est incroyable, le train arrière ne décroche pas une seule seconde et la motricité du train avant est sans faille.
La boite (alors en automatique) gère parfaitement le rythme de conduite très sportif pendant les accélérations et décélérations continuelles. Aucun raté. C’est du plaisir à l’état pur.
En fin de ligne droite, j'atteins la vitesse de 180 km/h. Il faut alors appliquer la méthode du freinage dégressif pour optimiser au maximum son entrée dans le virage. Les freins se doivent et sont d’une efficacité redoutable. Certains pilotes m'ont même fait la remarque. Cette bombinette en étonne plus d’un.

Même si j'avais pensé à sous-gonfler les pneus, je ne l’avais pas fait. Les pressions préconisées par le constructeur sont optimales à savoir 2,4 bars à l’avant et 2 à l’arrière.
Je me suis bien trompé ! Après une session de 20 minutes, la gomme est brûlante et sous l’effet de la chaleur la pression est monté à 3,2 bars ! Cela se ressentait sur la voiture lors de la conduite. Au fur et à mesure des tours, elle avait tendance à glisser sur le bitume.
Une fois arrêté, j'ai donc dégonflé les pneus. Il faut faire attention toutefois à ne pas trop les sous-gonfler, les jantes n’apprécieraient pas. Bien préchauffer les pneus avant chaque début de session devient alors indispensable pour obtenir un grip optimal.
Faire des sessions allant de 15 à 20 minutes maximum (soit entre 12 et 18 tours) est important. Il doit s’en suivre des pauses de durée équivalente pour permettre au véhicule et à la mécanique de refroidir.
A l'arrêt, la chaleur dégagée par l'ensemble de la voiture est très inhabituelle. Je constate bien que je demande le maximum à cette R.S.. Les pneus (avant surtout) finissent par « pelucher ». La jante est brûlante et les freins brunissent. La partie supérieure du capot est tout aussi brûlante… Impressionnant !

Je remarque alors que les pneus sont mal menés dans les virages avec la vitesse ! On peut observer qu'une large partie du flanc épouse le bitume. Il ne reste seulement que 1,5 centimètres avant d'arriver au bout de la "rim protector" ! Heureusement qu'il y a cette bande protectrice, sinon la jante aurait chaud, très chaud...

Après 6 sessions lors cette matinée, il est maintenant l’heure de prendre une pause et d’aller déjeuner. La Clio l’a bien mérité.
L’après-midi
Il est 14h00, je retourne défier l’asphalte. Il fait un peu plus chaud (15 °C) et le bitume est chaud. Les conditions sont plus optimales par rapport à ce matin.
Je fais quelques tours tranquilou histoire de me concentrer de nouveau sur la piste. Je pense avoir bien cerné les trajectoires optimales, je peux enfin pousser cette Clio R.S. dans ses derniers retranchements.
Toujours en mode Sport, la motricité est impeccable et les sorties de virages sont très rapides. La voiture est d’une maniabilité hors pair, elle colle au bitume et me le fait savoir avec les pneus qui crissent dans toutes les portions de courbes rapides. J'ai le contrôle total et je peux balader la voiture sur la piste comme bon me semble, elle ne me refuse rien ! Le pilote et la voiture ne font qu’un.
En mode Sport, même si la boite est très sollicitée, il n’y a rien à redire elle est très efficace. Elle est toujours dans le bon rapport, prête à relancer le véhicule. C’est très agréable à piloter, je peux ainsi me concentrer uniquement sur la direction.
Toutefois, rien n’est parfait. En fin de ligne droite par exemple, la boite avait tendance à passer la 5ème "inutilement" juste avant d’arriver au virage suivant. La fin de ligne droite étant un peu sinueuse, cela causait une petite perte d’équilibre si le volant était trop braqué…
En sortie d’épingle, à basse vitesse et en appuyant à fond sur l’accélérateur, la boite avait du mal à décider s’il fallait rester en 3ème (et être quelques secondes en sous régime) ou rétrograder en 2ème pour passer instantanément la 3… C'était une situation ambiguë qui faisait perdre un peu de temps sur un tour.
Pour remédier à ce problème, il faut alors passer en manuel. C’est plutôt efficace mais uniquement dans certaines situations (comme celles citées ci-dessus).
Pourquoi ?
Simplement parce que le mode Sport empêche de forcer le rétrogradage. Cela peut paraître anodin mais une fois lancé, vous arrivez avec beaucoup de vitesse dans les courbes. Avoir du frein moteur est important. En automatique, la boite "devine" la situation dans laquelle vous allez vous trouver en écrasant la pédale de frein. Pas en manuel. De plus, vous aurez tendance à rétrograder avant qu’elle ne le fasse.
Non seulement vous perdez du temps (ce qui est négligeable), mais vous vous retrouvez avec 1, voire 2 rapports en trop dans les portions techniques. Vous n'avez pas l'adhérence mécanique qui convient et empruntez donc les mauvaises trajectoires, ce qui vous oblige à freiner plus et à aller moins vite. Bref, c'est la pagaille et on n'a pas besoin de ça à 150 km/h... Cela peut aussi induire en erreur les pilotes derrière vous.
Je constate donc assez rapidement les limites du "manuel" sur ce mode. Certains vous diront qu’il fallait opter pour une boîte manuelle classique...

C'était agréable de faire quelques tours en même temps que cette Ford Fiesta ST. Avec une puissance similaire (1.6 200ch), il est impossible de dépasser en ligne droite. C'est dans les virages que l'on gagne du temps sur un autre pilote et qu'on peut espérer dépasser.
Mode Race
C’est maintenant que le fameux mode Race entre en course. Levier de vitesse en position manuelle obligatoire, antipatinage et ESC désactivés. Dorénavant, la Clio R.S. ne vous rattrapera pas si vous allez au-delà de ses limites ! Un pilote a déjà eu l'amer plaisir de goûter aux graviers sur le bas côté suite à un tête à queue. Je ne vous cache pas que je n'ai pas envie de faire comme lui.
Selon moi, le principal avantage du mode Race est d’avoir le total contrôle sur la boîte. Ainsi, les situations énoncées comme ci-dessus avec le mode Sport n’existent plus.
Vous pouvez forcer le rétrogradage et ainsi attaquer les virages avec le bon rapport. En entrée de virage, soit vous pressez au fur et à mesure la palette "-", soit vous maintenez cette même palette pendant toute la durée du freinage, la boite rétrogradera toute seule et choisira un bon rapport automatiquement. Je ne vous cache pas qu'on appréhende un peu les premières fois qu'on utilise cette fonctionnalité. C'est très bien géré tout de même et on s'y fait vite.
De plus, la voiture vous rappellera de presser la palette "+" avec un retentissant « BIP » une fois que vous approcherez de la zone rouge. Enfin, le temps de passage des vitesses (entre la demande et l'action en elle-même) est plus rapide et ça se ressent.
A propos de la conduite, même dans ce mode, la voiture reste accrochée au sol. N’espérez pas faire de tête à queue facilement... Pour décrocher l’arrière, le plus simple reste de tirer le frein à main. Évitez toutefois de trop tenter le diable... Si vous êtes serein et que vous maîtrisez parfaitement la piste ainsi que votre véhicule, le mode Race sera un régal. Vous pourrez ainsi tirer l’entière capacité de votre R.S..
Ce mode est celui qui correspond le plus à une conduite maîtrisée et ultra sportive. Il porte bien son nom.

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Débriefing
Cette journée au circuit du Laquais était superbe, les sensations étaient de la partie. Le beau temps était au rendez-vous ainsi que des pilotes sympas. La Clio IV R.S. est une excellente pistarde, tant au niveau des performances et de la maniabilité. Un délice !
Je vous avoue quand même qu'après une pareille journée, on est un peu secoué et fatigué ! Mon temps moyen était de 1.45.00 et mon meilleur tour a été de 1.41.12. Il me semble que faire 3 fois le plein dans la même journée est aussi respectable. Heureusement, il y a une station bien placée à pile 1 km du circuit. Ils ont du apprécier mes visites...
Je plie donc bagage, il est l'heure de rentrer. Je n'ai qu'une petite heure de trajet. Revenir sur la route procure une sensation assez étrange et on atteint vite les 90 km/h. Doubler, vous parait être un jeu d'enfant mais il faut rester sérieux.
Pour une journée complète, comptez 180€ si vous êtes seul et rajoutez 30€ par pilotes supplémentaires (max 2).
Maintenant arrivé à la maison, couper le moteur n'est pas de refus. Mes oreilles et mon dos sont un peu épuisés mais c'était une journée unique. La Clio n'a désormais plus de secrets pour moi.
Je reviendrai !

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